[Analyse] Le demi-centre, la nouvelle trouvaille d’Aliou Cissé

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Pep Guardiola a remis à jour le poste de libéro, Aliou Cissé, lui, a redonné vie au demi-centre. 

 
Face à la Gambie hier, lors du premier match du  Sénégal, plusieurs supporters des Lions ont été surpris par la présence de Abdou Diallo dans le onze. « Est-ce une défense à 3 ou Diallo va-t-il jouer milieu de terrain ? ». Voici les questions qui revenaient le plus durant l’heure qui a précédé la rencontre du Sénégal. Il a finalement joué les deux. Il fallait en effet prendre son mal en patience pour voir que Aliou Cissé allait confirmer ce qu’il préparait depuis des mois : le rôle de demi-centre. 
 
 
Ce rôle est hybride et a été tiré du rôle du meneur de jeu arrière dans le hand-ball. Ce poste est très important car le joueur qui l’occupe doit être polyvalent. Il doit avoir les capacités physiques pour multiplier les courses entre les deux postes et s’imposer lorsqu’il doit effectuer le marquage, mais aussi avoir des capacités techniques pour imprimer le rythme du match. Il doit être fort en anticipation et en placement mais surtout en vision du jeu et en termes de passe.
Ce poste de demi-centre n’est pas très répandu, mais plusieurs grands coachs l’ont essayé. Thomas Tuchel, lors de son passage au PSG, utilisait souvent Marquinhos comme demi-centre lors des grands matchs. Aliou Cissé l’a déjà essayé avec succès avec Cheikhou Kouyaté, notamment face au Cameroun en amical. 
 
 
Comme les yeux avisés ont pu l’apercevoir hier sur la pelouse de Yamoussoukro, Abdou Diallo devenait la pointe basse d’une défense à 3 lorsque le Sénégal avait la possession du ballon, mais était milieu récupérateur lorsque le Sénégal perdait le ballon. Ce qui permettait dans un premier temps d’avoir le surnombre pour effectuer un pressing haut et empêcher la Gambie de jouer, mais aussi de permettre à Jakobs et Krépin de prendre pleinement leur rôle de piston pour apporter le surnombre en attaque lorsque le ballon était récupéré. A la perte du ballon, difficile de prendre à revers le Sénégal car Diallo, Koulibaly et Niakhaté étaient prêts à jaillir pour stopper les contres. 
Avec le ballon, Niakhaté et Koulibaly s’écartaient pour occuper le terrain et laissaient l’axe à Diallo. Comme un « quarterback », tous les premiers ballons passaient par lui, ce qui lui a permis d’utiliser sa bonne vision du jeu pour distiller des ballons sur les côtés. Il a cependant était freiné dans son rôle de récupérateur par un carton jaune prématuré. 
 
 
La seule fausse note de ce système, c’est qu’il est utilisé pour un jeu plutôt axial. Hors, avec des pistons (Krépin et Jakobs) et des ailiers (Sadio Mané et Ismaila Sarr), il y avait un cafouillage sur les couloirs. Ismaila Sarr a dû laisser l’extrémité du couloir à Krépin Diatta. Ce qui lui a porté préjudice car le joueur de Marseille a beaucoup de mal pour évoluer dans les petits espaces. Le Saint-Louisien est en effet un dévoreur d’espace, préférant jouer en contre que face à une équipe regroupée. Jakobs, lui, jouait avec intelligence en s’adaptant aux déplacements de Sadio Mané. Lorsque le numéro 10 sénégalais était excentré, Jakobs prenait l’intérieur, et lorsque Mané était axial, il occupait le couloir. 
A l’heure où le jeu de position est privilégié par tous les grands coachs, grâce notamment à Pep Guardiola, Aliou Cissé montre qu’il peut bien s’adapter. Après un premier match réussi, malgré la chaleur étouffante de Yamoussoukro, il faudra faire quelques réglages pour que ce système hybride soit au point.
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